Το Σιδηρόκαστρο στην Le Temps, 28 Σεπτεμβρίου 1903













QUARANTE-TROISIÈME ANNÉE. -  .15444
PRIX DE L'ABONNEMENT
mis, SEME et SEIHE-ET-OISE... 'Trois mois, 14 fr.; Six mois, 38 fr.,' Un M, 66 Hr,’
DÉPART 1 *etAlSACE-MEEAfliE... ±7 b.’,  34 b.’,  68 b,
UNION POSTALE.... ; ;.. '  18 fr.J  36 fr.J  ,*72 fr»
IBS ABONNEMENTS BATENT DES i ,r . ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro  ï*»ris) 1S centimes
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LUNDI 28 SEPTEMBRE 1903-
PRIX DE L’ABONNEMENT
fARIS, SEINE et SEIKE-ET-01SE... Trois mois, 14 fr,; Six mois, 28 fr.,‘ Unnn, 56 fr.
DÉPART 1 * et AISACE-IORRAIKB.,. :  1*7 fr.;  34 fr.; .—- 68 fr.
UNION POSTALE  18 fr.;  36 fr.; —. 72 fr
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 118.40
Paris, 27 septembre
BULLETIN DE L’ÉTRANQER,
la crise anglaise
L’extraordinaire situation politique créée par
la retraite de M. Chamberlain, bien loin de
trouver une prompte issue et un rapide dénoue
ment, menace de se prolonger. On se souvient
flu' fameux passage  Disraeli, encore littéra
teur, mais déjà politicien, dans son roman de
Coninffsby, décrit l’étrange suspens d’une na
tion tout entière, attendant le retour du mes
sager d’Etat que le duc de Wellington, après la
chute du cabinet Gray en 1835, avait envoyé à
Rome à la recherche de sir Robert Peel, en
visagé comme l’homme nécessaire.
Lord Milner, à Carlsbad, peut se vanter
d’être à son tour l’objet d’une mission aussi
flatteuse. Un courrier de cabinet est allé lui
Πiorter l’offre de la succession de M. Chamber-
ain. Rien n’a pu être fait ni même tenté aussi
longtemps que sa réponse n’a pas été reçue.
Quand sir Robert Peel recevait cet hommage,
il était le chef d’un grand parti historique; il
avait participé, pendant dix-huit ans, au gou
vernement de son pays ; il avait mené pendant
cinq ansL la lutte au nom de la minorité conser
vatrice contre le ministère dont la prudente au
dace venait d’épargner à l’Angleterre une révo-
lûtion en accomplissant la Réforme parlemen
taire de 1832.
Lord Milner a un tout autre passé, et la gran
deur du rôle qui lui est dévolu atteste mieux
que de longues considérations le changement
survenu dans-la vie constitutionnelle du Royau
me-Uni. Il n’a jamais siégé au Parlement. A
peine sorti de l’Université, il a' été secrétaire
(nous dirions : chef de cabinet) de M. Goschen ;
il a administré les finances de l’Egypte ; il a été
mis à la tête d’un des; grands départements du
Trésor britannique, et c’est dans ce poste que la
confiance de M. Chamberlain est venue le cher
cher pour le nommer, gouverneur du Gap et
haut commissaire de l’Afrique australe, et pour
faire de lui le pivot, l’agent principal de la poli
tique de conquête et d’annexion dans le. conti
nent noir.
Nul n’ignore avec quel zèle sir Alfred Milner
■*— depuis créé lord-vicomte  se jeta dans
l’exécution de ce grand dessein. Son tempéra
ment académique, son dédain pour les formes
constitutionnelles, son indifférence envers les
traditions libérales, tout ce : que ses origines
germaniques, son éducation au collège de Bal-
liol à Oxford, sous la direction de ce maître réa
liste, Iowetts, la pratique du gouvernement en
pays d’Islam lui avaient donné l’impérialisme
avant  lettre et le nationalisme agressif, ses
qualités comme ses défauts, ont fait .de lui le
héros du parti de la suprématie anglo-saxonne
en Afrique.
C’est sur lui que comptent les soi-disant' Pro
gressistes du Gap et de Prétoria pour sceller la
défaite de l’élément boer et pour assurer l’hé
gémonie britannique. C’est sur lui que comptent
aussi les grands financiers, les gigantesques
capitalistes de la tfe Item et des mines d’or pour
achever l’œuvre de Gecil Rhodes et pour leur
ouvrir de nouvelles sources de profits en orga
nisant soit le travail forcé des hoirs, soit l’im
portation des coolies jaunes.
En même temps, lord Milner a cette chance
de faire partie de la petite coterie Universitaire,
des .ex-étudiants d’Oxford et de Balliol, qui ont
formé une sorte de société d’admiration réci
proque et de secours mutuels, qui se soutien
nent les uns les autres en dépit des divergences
apparentes d’opinions et qui comptent dans
leurs rangs, avec le proconsul sud-africain, lord
Curzon, le vice-roi des Indes, sir Edward Grey,
l’espoir des libéraux impérialistes, le comte
Percy, l’espoir des jeunes tories, etc^
Dans de telles conditions, il n’y a rien de sur-,
prenant à ce que l’on ait songé à lord Milner
pour succéder à M. Chamberlain et continuer
son œuvre. Il n’y aurait rien non plus de tout à
fait nouveau dans la promotion soudaine à l’un
des postes en vue du cabinet d’un fonctionnaire
qui n’a même pas fait son apprentissage parle
mentaire. A plusieurs reprises il a été question
de confier un portefeuille —de préférence celui
du Forcign-Office—à lord Cromer, l’habile agent
qui, depuis plus de vingt ans, régit l’Egypte.
Ce qui choque et inquiète à juste titre l'opi
nion dans les arrangements que l’on annonce
pt prépare pour remettre à neuf le cabinet
Balfour, c’est l’entente qui paraît s’être faite
entre le premier ministre demeurant à son
poste et l’homme d’Etat démissionnaire.
M. Chamberlain se retire pour être plus libre
de travailler à l’établissement de droits préfé
rentiels portant sur les aliments du peuple. Il
ïi’y a rien  que de constitutionnel et d’hon
nête. Au contraire, M. Balfour reste, tout en
avouant partager lès sentiments de son collègue.
Il reste pour faire du dedans, petit à petit, pas
à pas, ce que M. Chamberlain fera du dehors,
plus franchement et plus . vigoureusement.. IL
reste pour tenter de réaliser immédiatement la
: moitié du programme commun qui lui paraît
soulever moins d’objections, que la taxation des
objets d’alimentation, mais aussi pour endormir
les défiances de la nation et pour la préparer
; à petites doses à avaler la formidable pilule du
tarif protectionniste. . , ..
C’est cette attitude qui explique la retraite
honorable des libre-échangistes du cabinet :
M. Ritchie, lord George Hàmilton, lord Balfour
of Burleigh et M: Arthur Elliott. C’est elle aussi
qui justifie les alarmes et les protestations indi
gnées des constitutionnels stricts aux yeux des
quels c’est violer les principes fondamentaux
du régime parlementaire que de former une
administration trompe-l’œil pour faire liypocri-
. tement une besogne qu.e l’on  saurait accom
plir ouvertement.
Dans la mesure  lord Milner serait l’une,
des chevilles ouvrières de ce complot, son avè
nement, qui soulève déjà, de par sa personna
lité, de graves objections, provoquerait une 
ritable irritation. D’ailleurs, certains des amis
. les plus passionnés du proconsul sud-africain
verraient aussi d’un mauvais œil son transfert
à Downing Street. Ils n’ont foi qu’en lui pour
achever son œuvre en Afrique. Il aurait beau
être promu dans une. sphère nominalement
plus haute, il laisserait opéra inlerrupta à
l’heure même  l’approche des élections géné
rales r au Gap va déchaîner une nouvelle et su
prême bataille entre le Bond et les progressis
tes, entre les Afrikanders et les Anglo-Saxons.
M. Balfour n’est assurément pas au bout de
ses épreuves. Des rumeurs persistantes et
qu’accréditent certaines irrégularités constitu
tionnelles auxquelles, le roi Edouard a pu se
livrer en l’absence de tout- ministre responsa
ble, au cours de ses voyages sur . le continent,
prêtent au fils de Victoria le dessein de renouer
la tradition dangereuse de Georges IV et de
Georges III et d’intervenir dans la formation du
cabinet.
Si même il n’y a  que des soupçons exagé
rés, il n’en reste pas moins- que le premier mi
nistre a, en tout cas, à affronter prochainement
l’assemblée générale de son parti à Sheffield. s
Le choix de cette ville  que représente au
Parlement l’un des complices du protection
nisme, sir Howard Vincent  a, sans doute, eu-
pour objet de créer au Congrès des associations
conservatrices une atmosphère favorable à la
politique ministérielle. Les libre-échangistes
n’en ont pas moins le ferme, propos de lutter
avec énergie. Sir John Gorst, le président de 
Free Food Unionist League n’est plus entravé
par la solidarité ministérielle. On peut s’atten
dre à un beau tournoi.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Berlin, 27 septembre, 8 h. 45.
Le comte Lamsdorf, qui accompagne le tsar dans
toutes les entrevues, qu’il va avoir avec les souve
rains d’Autriche et d’Italie, sera également à Wies-
baden  ib conférera avec le chancelier M. de Bii-
low, pendant la rencontre de Nicolas II et de Guil
laume II.
Berlin, 27 septembre, 9 h. 10.
A la suite des expériences faites aux dernières
grandes manœuvres impériales, il a été décidé que
le matériel de l’artillerie allemande sera transformé.
Le projet, entraînant de grosses dépenses, sera sou-,
mis au Reichstag; mais on assure que, dès à présent,
la fabrication des nouveaux canons a commencé à
l’usine Krupp.
Vienne, 27 septembre, 8 h. 25.
La Chambre autrichienne a voté, hier, la motion
Plazek par laquelle le ministre de la guerre est
invité à retirer l’ordonnance qui maintenait sous
les drapeaux après le 1 er octobre lés. soldats libé
rables.
Dans la suite de la. discussion les orateurs ont ex
primé leur approbation à l’ordre du jour par lequel
l’empereur, après les grandes manœuvres de Chlopy,
' affirmait la nécessité do l’unité de l’armée austro-
hongroise.
Finalement la loi sur le contingent militaire a été
adoptée dans les trois lectures.
. Budapest, 27 septembre, 8 h. 10.
Le mouvement d’opinion contre l’ordre du jour
militaire de l’empereur-roi se poursuit. La ville do
Szegedin, la seconde en importance du royaume
de Hongrie, a l’intention de refuser l’impôt et de
n’aider en rien les autorités militaires pour le recru
tement.
Belgrade, 27 septembre, 8 heures;
Le jugement dés officiers, protestataires de Nisch
devait être rendu hier. Il a, été'retardé par la défense
du capitaine Novakovitch qui a tenu lui-méme hier
un discours de plusieurs heures. 1 
Les débats seront continués demain lundi.
Constantinople, 27 septembre 10 h. 30.
Vendredi après le Selamlik, auquel assistèrent
M. et Mme Constans et M. et Mme Lockroy, ceux-ci
furent reçus par le sultan qui, après une conversa-;
tion, donna le bras à Mme Constans pour faire visi-i
ter à ses invités son musée privé. Il remit le grand
cordon du Chefakat à Mme Lockroy et le grand,
cordon de l’Osmanié à M. Lockroy,
 (Servtce Havas j
Rome, 27 septembre.
Le Messaggero dit-que, le 25, la police de Gènes arrêta,
à bord du Sastrustegni, l'anarchiste Garlo Barteloni,
expulsé d’Espagne comme suspect d’avoir participé à
un complot en vue de tuer le roi Alphonse.
LES DEUX ECOLES
Les délibérations du Congrès de Dresde pré
sentaient pour nous un intérêt particulier, puis
que la grande question agitée par les orateurs
du socialisme allemand est précisément celle,
qui divise les socialistes français. Ceux-ci de
vaient suivre les travaux- de leurs coreligion
naires d’outre-Rhin avec une attention soute
nue, et le parti socialiste, devenu le pivot de la
majorité ministérielle, occupe une trop grande
place dans notre politique pour que ce débat
laissât le public indifférent.
On n’a pas oublié la solution adoptée par le
congrès de Dresde. Il y a, en Allemagne comme
en France, deux groupes socialistes de tendan
ces opposées -: les révolutionnaires intransi-;
géants., dont Bebel est le chef incontesté, et qui
professent à peu près les mêmës idées que MM.
Jules Guesde et Vaillant; puis les «révision
nistes », les. opportunistes du socialisme, les
Vollmar et les Bernstein, qui préconisent une
attitude analogue à celle de MM. Millerand,
Jaurès et de notre groupe socialiste parlemen
taire, dont la Petite République est le principal
organe. A Dresde, les «révisionnistes ». ont été
foudroyés par la terrible’ éloquence de Bebel et
battus a plate couture. L’immense majorité, la
, presque unanimité du Congrès a repoussé la
motion Bernstein, gui n’a recueilli qu’une déri
soire minorité de vingtrcinq voix.
Ce qui rend le rapprochement plus direct en
core entre la situation du socialisme français et
celle, du socialisme allemand, c’est que cette
motion Bernstein, autour de laquelle les deux
conceptions hostiles ont lutté, visait justement
le point précis de l’acceptation d’une vice-pré
sidence au Reichstag. M; Jaurès ne serait pas
vice-président, ou bien il aurait  rompre avec
son parti, si les socialistes français avaient
adopté l’intransigeance de leurs frères d’Alle
magne.
Ils y viendront peut-être. C’est du moins ce
qui semble ressortir d’une série d’interwievs
publiées par Y Eclair. Le docteur Meslier, député
socialiste de Saint-Ouen, et qui n’est pourtant
ni guesdiste, ni blanquiste, se déclare ravi que
Bebel ait montré la pente dangereuse  des
chefs trop habiles voulaient faire glisser le parti.
« Qui va se coucher dans le triclinium de Dio
clétien, dit-il, ne peut faire retentir sur le Fo
rum  parole nécessaire des constantès révol
tes... Le pouvoir amollit les énergies, et la dis
tribution des prébendes excite les convoitises. ».
M. Meslier pense que le prolétariat français
s’appropriera le jugement et les flétrissures du
Congrès de Dresde. Il affirme que toutes les or
ganisations ouvrières avec lesquelles il est en
relation partagent cette opinion. « Les socialis
tes, conclut-il, ne peuvent rester entre deux
selles : ils doivent être pour ou contre les pou
voirs bourgeois et capitalistes... Le socialisme
sincère triomphera du sociatisme officiel que
ses représentants veulent entraîner sur le che
min des Ganossas capitalistes. »
M. Allemane lui-même et M. Albert Wilmm,
l’un des principaux leaders de la fraction alle-
maniste, sont absolument du même avis. M.
Wilmm: exprime l’espoir que le prochain Con
grès socialiste international, qui doit se réunir à
Amsterdam, adoptera les décisions du Congrès
de Dresde, ce qui obligerait MM. Jaurès, Mille
rand, Gérault-Richard et autres opportunistes^
à abjurer leur opportunisme, à renoncer à tout
portefeuille ministériel ou fauteuil de vice-pré
sident, sous peine d’être exclus du socialisme
international. M. Allemanè, très dur, réserve
la qualification de « vrais socialistes » à ceux
qui pensent comme Bebel, d’où il suit qu’à ses
yeux MM. Millerand, Jaurès et leurs amis ne
sont que de faux socialistes.
M. Aristide Briand qui, lui, appartient au
groupe socialiste parlementaire comme M. Jau
rès, trouve dans le dénouement du Congrès de
Dresde. une consolation. Il ne nie pas que les
idées de Vollmar et de Bernstein, c’est-à-dire
en somme les siennes, aient eu le dessous;
maisidu moins, dit-il, il n’y a pas eu de scission
et l’ûnité du parti subsiste. Quel exemple pour
la France I. M.. Gérault-Richard avait fait aussi
cette remarque dans son journal. On nevoù-
drait pas empêcher MM. Gérault-Richard et.
Briand de se consoler de leur mieux. Mais il
faut pourtant bien objecter à. leur raisonnement
consolateur le simple et triste fait, qui est que
les opportunistes allemands n’ont échappé à
. l’exclusion qu’en faisant une soumission pleine
et entière. Si les prévisions de MM. Wilmm et
: Meslier se réalisent, M. Jaurès et ses amis ob-
; serveront-ils la, même discipline, sacrifieront-
ils leurs théories et leiirs ambitions sur l’autel
de l’Unité socialiste?
. i" mmmm ——I. -, .. . ' ., ''•
me zsr xjs propo s ;
UNE CARTE A DRESSER
Quelqu’un ne doit pas être content dans l’autre
monde : c’est le doux original dont j'oublie le nom
 qui avait légué sa fortune à la ville de Rouen,
pour qu’elle servît des dots à dos couples do géants.
La ville de Rouen, se sentant embarrassée d’exécu
ter cette clause, a transigé avec la famille, laquelle,
tout naturellement, attaquait le testament. L’argent
du défunt est revenu à ses héritiers naturels, sauf
une rente de médiocre importance, que Rouen con
sacre à . des œuvres d’assistance. Les géants sont
frustrés, et le testateur aussi. G’est bien la peine
d’avoir élaboré, à grands frais d’imagination, une
idée aussi saugrenue, pour la voir mise au rancart!
Peut-être l’excellent gentilhomme se flattait-il d’a
voir conquis l’immortalité. Il n’est plus qu’un mort
vulgaire, dont les volontés sont méconnues, et les
grands desseins bafoués.
On n’a pas manqué de faire ressortir l’anomalie
do cette solution. L’auteur du tostament entendait
travailler au relèvement de la race, il se figurait
qu’en favorisant géantes et géants il contribuerait en
quelque manière à la procréation d’enfants très so
lides. Or, on distribue en secours quelques bribes du
don considérable qu’il avait fait. Ces secours iront à
des vaincus de la vie, à des faibles. Ils les aideront
à durer, par conséquent à propager autour d’eux les
germes de faiblesse et de misère physiologiques,
n paraît difficile d’entrer en contradiction plus ma
nifesté avec le vœu'initial. D’autre part, j'ai lu dans
divers journaux, qu’il, était très bien d’avoir con-.
damné ce legs bizarre, parce que les géants sont
d’ordinaire des imbéciles et que leurs enfants ont
toutes les chances du monde de naître avec des
tares physiques ou mentales. En sorte que la contra
diction— la fâcheuse contradiction  ne serait pas
entre l’esprit du testament et la transaction interve
nue, mais dans le testament lui-méme, dans les
conceptions nébuleuses  et puériles d’un maniaque
ignorant.
R faut avouer qu’il devient difficile de faire un
bon usage de sa fortune, et surtout un usage qui
vous tire du commun des bienfaiteurs. Toutes les
bonnes idées ont été appliquées depuis qu’il y a des
millionnaires sans enfants. Parfois, quelque « roi »
de l’industrie, sur l’autre bord de l’Atlantique, nous
étonne par l’ampleur de ses libéralités. Le chiffre,
plus encore que la destination, est sensationnel.
Mais quand on à eu le malheur de naître  et de
mourir  de ce côté-ci do l’Océan (ce qui vous in
terdit en général l’ambition de laisser des millions
par-centaines), il faut, semble-t-il, se résigner à
l’extrême banalité.
Pourtant, quand on songe au bien qu’il est pos
sible de réaliser avec quelque argent, môme avec peu
d’argent, on s’insurge contre, cette conclusion. Les
hospices; les hôpitaux, les grandes œuvres très
connues de bienfaisance et d’assistance sont, pour la
plupart, assez riches. Sans doute, toutes ces insti
tutions feront un bon usage des sommes qui leur se
ront léguées. Mais la question est de savoir s’il
n’existe pas des œuvres naissantes, à peine ébau
chées, peu connues, ou inconnues, qui feraient, dos
mêmes sommes, un usage meilleur encore et d’un
rendement plus productif. On peut avancer, en
toute assurance, qu’il y a, aujourd’hui en maints
endroits, des initiatives à encourager, dos résultats
déjà obtenus à. consolider ou à étendre, et qu’une
personne généreuse, qui aurait sous les yeux la
carte détaillée et complète de la France en travail de
progi’ès social, pourrait encore, malgré les appa
rences contraires, trouver des'façons inédites de pra
tiquer la charité. 
Mais voilà : il faudrait que cette carte fût dres
sée. Il faudrait qu’on la répandit. Il faudrait qu’elle
arrivât aux mains de tous ceux  et non pas seule
ment dos gens les plus riches, ou des richards sans
famille  qui ont au cœur l’instinct de la généro
sité, dans l’esprit la notion du devoir social. Il fau
drait que cette carte fût sans cesse tenue à jour. Il
faudrait surtout* qu’elle fût conçue dans un esprit
d’entière liberté, et d’entière sincérité n’excluant
aucune œuvre, en raison de son caractère, .— reli-
FEUILLETON J»U <2TttUpS
DU 28 SEPTEMBRE 1903
CHRONIQUE THÉÂTRALE
Deux représentations populaires.  Le répertoire
< classique à la Comédie-Française.
Je viens d’assister, coup sur coup, à deux re
présentations populaires, l’une donnée à Belle-
Ville, l’autre à la Comédie-Française. Il n’y avait
entre elles rien de commun que leur objet, qui
était de récréer d’honnêtes travailleurs par le
spectacle d’œuvres élevées et littéraires.
Vous n'ignorez pas que, depuis quelque
temps, les tentatives de ce genre s,e multiplient.
Tandis que M. Adrien Bernheim brandit glo
rieusement le drapeau des Trente ans de théâ
tre et promène, à travers les faubourgs, la prose
et les vers de nos grands auteurs, des confé
renciers, dans les universités, dans les mairies,
commentent ces mêmes ouvrages, en expli
quent, en exaltent la beauté. Un tel effort de
propagande est louable. Il devait fatalement
susciter l’émulation et aboutir à la création
d’une scène régulière,  le peuple pût venir
goûter, à peu de frais, les nobles joies de l’art.
De nombreux projets sont à l’étude en ce sens;
ils sont encore trop vagues pour qu’il y ait lieu
de s’en occuper. En attendant qu’ils aient pris
corps, un homme intrépide, M. Bcrny, s’est
montré.
 Je vais, a-t-il dit, prouver le mouvement
en marchant.
; Et c’est ainsi que nous fûmes convoqués à l'i
nauguration du Théâtre-Populaire de Belle-
ville. Cet événement s’est accompli sans solen
nité; il a laissé la presse à peu près indifférente.
Trois ou quatre de nos confrères, tout au plus,
avaient daigné s’y intéresser. J’éprouvais moi-
znêmc'quelque appréhension à m’aventurer si
loin. Je ne regrette pas mon voyage.
Quand j’arrivai là-bas, vers huit heures et de
mie, le quartier était en rumeur. Le long de la
rue de Sambre-et-Meuse, de la rue de Belle-
ville, une foule bruyante se pressait. L’air était
chargé de cordiales odeurs de fritures. A la
porte du théâtre, une énorme queue s’était for-
■jnée,  l’on riait,  l’on chantait,  l’on
échangeait des lazzis, en vidant des cornets de
pommes de terre. La salle était bondée ; je m’y
(faufilai tant bien que mal, et me trouvai assis
entre un jeune ouvrier assez coquet et un vieux
compagnon charpentier dont la rude physiono
mie, les mains calleuses et le bourgeron râpé
m’inspirèrent tout de suite de la sympathie.
. Une marchande, coiffée d’un bonnet extraordi
naire et contemporain du Directoire, et qui eût
inspiré de l’amour à notre ami G. Lenôtre,
vendait des sucres d’orge et des programmes.
Je pus prendre connaissance des éléments du
spectacle qui allait nous être offert.
Il se composait d’une conférence de M. Eu
gène Morel, de Monsieur Badin , de Georges
Courteline, de Danton, pièce entrois actes de
M. Romain Rolland, du Portefeuille , deM. Oc
tave Mirbeau.
Le vieux compagnon, qui lisait par dessus
mon épaule, me dit :
 Tout ça, c.!est de la nouveauté pour moi.
J’en suis encore au père Dumas et à Dennery.
Je retarde.
Il allait me conter ses souvenirs. Je trem
blais. Mais le rideau, sur lequel étaient inscrits,
en forme de triangle symbolique, ces trois
mots
. . INTELLIGENCE
r -V *3» X,.' - ' . ; 
JOIE FORCE
se leva, après quelques accords de l’orchestre,
et nous vîmes apparaître l’orateur.
M. Eugène Morel est un bon écrivain, à qui
l’on doit deux ou trois romans très fortement
médités, entre autres La rouille du sabre. Il est-
animé d’un sincère amour de l’humanité et
plein d’aspirations généreuses. Et, certes, le
directeur du Théâtre-Populaire ne pouvait élire
un plus di'gne avocat. M. Morel, jaloux- de justi
fier un choix si honorable et d’exercer en toute
conscience sa mission, avait préparé une sa
vante notice dont il se mit en devoir de don
ner lecture. Peut-être contenait-elie trop d’idées
générales et de trop hautes considérations pour
un public qui voulait, surtout, être diverti. J’i
magine que nous retrouverons, dans une revue
spéciale, ce morceau et pourrons l’apprécier.
L’autre soir, je n’en ai pas saisi grand’ chose.
Au bout de cinq minutes, l’auditoire commen
ça à murmurer, puis il applaudit furieusement
en manière  plaisanterie et comme pour se
moquer ; puis des conversations s’engagèrent et
couvrirent la voix, déjà naturellement frêle, du
conférencier. J’avais pitié de lui, car je sentais
qü’à sa place j’eusse éprouvé le même trouble
et n’eusse pas songé a brusquer mon dénoue
ment. Soudain, la toile baissa et lui coupa la
parole, l’obligeant, bon gré, mal gré, à termi
ner son discours.
 Parbleu ! dis-je à M. Berny qui m’était ve
nu rejoindre durant l’entr’acte, vous avez une
façon un peu cavalière d’accommoder les ora
teurs qui vous font l’honneur de vous prêter
leur concours. M. Morel n’a pas lieu d’être sa
tisfait.
 J’ai agi dans son intérêt, répondit-il. Les
gens de ce quartier ne sont pas patients. G’est
leur seul défaut. Et puis, ils adorent le théâtre
et ils avaient hâte que la représentation com
mençât.
. II m’exposa les circonstances qui l’avaient
amené à fonder son entreprise. Ce local abri
tait naguère un café-concert, les Folies'-Belle-
ville. M. Berny s’en empara, après de laborieu
ses négociations, le décrassa, y installa l’élec
tricité. Il recruta sa troupe et l’entraîna dans
un mouvement de travail vertigineux. Chaque
semaine, il veut renouveler son affiche ; il m’a
montré la liste des pièces qui y figureront cet
hiver; elle est colossale et va de Molière à
Courteline en passant par Dumas, Augier, Sar-
dou, et les modernes auteurs du Théâtre-Libre.
C’est un cours complet de* littérature dramati
que qu’il compte offrir à ses abonnés. Car il a
des abonnés. Le fauteuil d’orchestre qui coûte,
au prix fort, 1 fr. 25, est ramené à 1 franc pour
les. spectateurs qui souscrivent à une série de
vingt soirées ; ils ont leur place réservée et nu
mérotée, tout comme MM. les habitués de l’O
péra. Tous les samedis, en défilant devant le
contrôle, ils versent un acompte sur leur cotisa
tion. C'est le système Crespin-Dufayel, appliqué
aux divertissements de l’esprit. .
L’ingénieux M. Berny a adapté l’organisation
de son petit établissement aux mœurs am
biantes. Tel est en effet le meilleur moyen de
réussir.
Et il a raison d’assurer que les Parisiens de
ces faubourgs aiment le théâtre. Je m’en suis
aperçu pendant que l’on jouait le Danton de M.
Rolland. Cet ouvrage n’est pas une pièce, au
sens  on l’entend communément, puisqu’il
est dénué de toute action romanesque. C’est
une tranche de vie, ou plus exactement une
« tranche d’histoire ».
L’auteur s’est appliqué à peindre fidèlement
les figures de Danton, de Robespierre, de Ca
mille Desmoulins et deLucile, de Saint-Just, de
.Fabre d’Eglantine, du général Westermann.
Mais il ne groupe .point ces personnages dans
les liens d’une intrigue ; il se borne à les
laisser causer. Et ils causent très copieuse
ment-, non pas comme Auguste, dans Cinna, ou
Milhridatc, à un moment particulier du drame ;
ils pérorent à jet continu, ils agitent tour à tour
et simultanément les plus graves problèmes de
politique, de philosophie et de morale. Dieu me
garde de rabaisser le mérite de M. Romain
Rolland, excellent écrivain, humaniste érudit,
normalien,éloquent, et sincère ami du peuple,
mais il faut bien convenir que le procédé dont
il use est inférieur, au point de vue théâtral,
à celui de la tragédie classique.
Danton appartient au genre des pièces « pa
noramiques »; et se compose d’une série de ta
bleaux qui se déroulent à la manière d’une col
lection d’estampes. Première image: Robes
pierre hait Danton. Deuxième image: Robes
pierre décide la ruine de Danton. Troisième
image : Robespierre juge, condamne et assas
sine Danton. Malgré les fines couleurs dont M.
Rolland a nuancé leurs caractères, rien n’est plus
froid. Il a mis tant de détails dans ces conver
sations qu’une mortelle langueur, à la longue,
s’en exhale. Il en a trop mis. Tandis qu’elles se
déroulaient lentement, j’observais avec curio
sité le public. Il ne s’agitait pas dans le délire de
l’enthousiasme. Non, il se recueillait; il écoutait,
il buvait les discours de ces héros dont il avait
ouï parler si souvent et qu’il était ravi de
contempler, en chair et en os, sur les planches.
Mon vieux compagnon charpentier, les sour
cils contractés, le regard fixe, ne perdait pas
une syllabe du dialogue. Parfois il hochait la
tête. Et je devinais qu’il murmurait en lui-
même :
 Je ne m’amuse pas beaucoup, mais je m’in
struis.
L’accueil fait par les habitants de Belleville à
ce premier spectacle nous donne, la mesure de
leur goût pour le théâtre. Il achèvera de s’épa
nouir, lorsqu’on leur offrira des œuvres, je ne
dis pas moins fortes, mais moins sévères. Ils
ont acclamé les acteurs qui leur apportaient ce
parfum d’art raffiné; Je les imiterai, je louerai
en bloc et sans restriction, MM. Severin-Mars,
Scheler, Lucien, Holden, Léonin, Damorès,
Franck Morel,Mmes Daumerie et Irène, et M. E.
Raymond, un acteur qui joua, il y a vingt ans,
excellemment les traîtres à l’Ambigu. Il incarnait
Robespierre. Il n’a pas changé d’emploi. J’ai
été charmé de le revoir, encore qu’un , peu
vieilli.
Ces braves gens vont besogner comme des
nègres, sous l’active impulsion de M. Berny.
Sans s’exagérer l’importance de leur campagne,
on doit l’encourager. Et  n’est pas, j’espère,
la dernière fois que nous escaladerons les som
mets de la montagne bellevilloise.
Le lendemain, dimanche, il y avait matinée
gratuite à la Comédie-Française. M. Jules Cla-
retie m’ouvrit sa loge,  ce sont les seules pla
ces dont il ait, ces jours-là, le privilège de dis
poser. .Et je pus assister à l’entrée émouvante
de la foule.
Vous avez vu, sur les côtes de Bretagne, ces
larges cirques creusés, dans le roc, qui demeu
rent à sec quand la mer se retire et se remplis
sent peu à peu dès qu’elle revient, par de lentes
infiltrations souterraines. Ce phénomène natu
rel s’est reproduit sous mes yeux. Les premiers
arrivants, qui stationnaient à la porte depüis
deux ou trois heures du matin, pénétrèrent
. dans l’orchestre. Les fauteuils, situés contre la
scène, sont réservés aux aveugles des asiles
nationaux. Ils se hâtaient doucement, explorant
du bout de leur canne le chemin ; quelques-
uns étaient accompagnés de fillettes qui leur
servaient d’Antigones.
Le rez-de-chaussée, en une minute, fut noyé
par les remous des spectateurs et des spectatri
ces qui prenaient, avec des airs victorieux, pos
session de leurs sièges, heureux d’y asseoir
leurs membres las. Puis les baignoires fu
rent envahies; puis l’eau monta au balcon,
gagna les premières loges, puis les galeries,
puis les stalles du paradis, tout en haut. Les re
tardataires sont, les plus mal lotis. C’est un
modèle de justice distributive. Avant que
l’on frappât les trois coups, je prêtai l’o
reille aux propos de deux aveugles qui devi
saient près de moi.
gleux ou laïque, ou socialiste —. faisant connaître,
d’ailleurs, ce caractère, ' pour éviter les méprises,
donnant une idée, dans la mesure du possible, des
ressources acquises déjà par les établissements les
plus anciens, les plus favorisés, et- des besoins des
établissements les plus récents.-Le-travail à entre»-
prendre serait considérable et délicat. Mais il ren
drait d’immenses services. U épargnerait à une
foule de gens la peine de se creuser la tête pour in
venter un emploi judicieux d’une partie de leurs
biens. Et comme il est probable qu’il no' figurerait
dans la nomenclature aucune association pour la
propagation des géants, les testateurs à venir évi
teraient l’inconvénient, toujours désagréable, do
voir leurs dispositions suprêmes annulées.
' : »
LA SITUATION EN MACÉDOINE
L’entente russo-autrichienne et les réformes
 Constantinople, via Sofia, 27 septembre, 10 h. 30;
Les ambassades de France et d’Italie ont remis
hier, à la Porto une note appùyant la démarche
austro-russe sur le maintien au programme des 
formes en Macédoine.
Vienne, 27 septembre.
Suivant la Nouvelle Presse libre, on assure, dans
les milieux diplomatiques, qu’on no sait pas encore
exactement avec quelles propositions le ministre des
affaires étrangères de Russie, comte Lamsdorf, vien
dra à Vienne. Il paraît seulement établi que pour le
moment le cadre des réformes déjà acceptées au
printemps par la Turquie ne sera pas élargi et que
c’est uniquement au sujet  leur exécution défini
tive que des résolutions doivent être- prises, lors de
la visite prochaine du tsar à l’empereur François-
Joseph. L’Autriche laisse la préséance à la Russie et
attend ses propositions. L’intervention armée des
deux puissances paraît complètement exclue.
L’essai d’entente entre la Bulgarie et la Turquie
sans intermédiaire des deux empires semble bien
avoir non seulement surpris, mais encore désap
pointé les cabinets de Saint-Pétersbourg, et ae
Vienne.
Notre correspondant de Constantinople nous écrit
à ce sujet:
La nouvelle d’une entente directe avec la Bulgarie
qui, en d’autres circonstances, ,eùt été accueillie avec
un soupir de soulagement, semble perdre maintenant
de son importance, non pas qu’en lui-même un arran
gement direct n’aurait pas eu un effet des pliis consi
dérables, mais parce que le projet seul d’une entente
directe rencontre des difficultés. C’est étrange à dire
et ce serait même révoltant à penser, mais il paraît
que les deux puissances qui ont pris la direction de la
politique dans les Balkans se verraient froissées si
l’empire ottoman et la principauté, bulgare arrivaient
à un ai'rangement.
En logique pure,. de pareilles susceptibilités sem
blent inexplicables ; l’explication pourtant so présente
d’elle-môme, et, elle est toute « politique », les puis
sances en question souffriraient et dans leur prestige:
et dans leurs visées d’avenir qu’une entente réussisse,
d’aventure, directement et sans elles. C’en serait fait
de la fiction selon laquelle leur intervention seule au
rait le pouvoir d’arrêter l’effusion de sang et de con
jurer les pires éventualités. Ce serait peut-être la porte
fermée à des interventions futures qui, comme qui
dirait par petites étapes, prépareraient une véritable
ingérence' étrangère, un contrôle des deux empires
voisins sur l'Europe orientale. L’entente directe  si
elle était possible— ce serait la faillite, de trente ans
de diplomatie spéculant sur les antagonismes et les
défiances entre Turcs et chrétiens et même entre
chrétiens. Voilà, direz-vous de la politique bien ma
chiavélique; mais il en est bien ainsi, et ce qui se
passe m’amène à croire que c’est bien  à quoi on
veut arriver, c’est-à-dire au maintien de la désunion,,
au prix même des pires dangers.
La rumeur.circule du remplacement possible du
grand-vizir Ferid pacha, et cette fois encore, c’est le
noin de Kutchuk Sa'id pacha qui est prononcé comme
devant le remplacer. La raison serait toujours la
même: le manque d’initiative, et le rejet de la plupart
des propositions de toutes sortes, ce qui rend difficile
la position d’un grand-vizir et l’amène à vouloir so re
tirer ; mais ce n’est encore qu’une rumeur. D’ailleurs,
ce changement n’amènerait qu’un changement de per
sonne et rien de plus.
La résistance des insurgés
Notre correspondant de Salonique nous écrit à la
date du 22 septembre :
D’après les renseignements officiels voici les résul
tats des dernières rencontres.
Le 19 du courant au matin, une rencontre a eu lieu, sur
lès montagnes de Perlépé : 95 insurgés ont été tués et
30 blessés. En fuyant, ils ont abandonné : 100 fusils,
dés revolvers, des bombes et cartouches de dynamite
e 3 bêtes de somme.
Les troupes ont eu9 tués et 3 blessés. Trois villages
des environs ont sollicité leur pardon, ce qui leur a été
accordé.  
Le même jour, les insurgés commandés par le-fa
meux capitaine Sandanerki, poursuivis par les troupes
ont eu 35 tués, parmi lesquels leur chef. Cela eut lieu
au mont Périm.
Or, d’après une personne digne de foi, voici ce qui
s’est exactement passé dans le massif ■montagneux de
Périm.
Dimanche 13 du courant, une trentaine d’insurgés
attaquèrent un poste d'avant-garde, près de Menlik-
Un bataillon appelé comme renfort, en poursuivant la
bandé, tomba dans une sorte d’embuscade, d’où fl 
sortit que fortement éprouvé. 1 '■■■■■■■■
. Des bataillons furent mandés de Serrés, Drama, Dl-
mir-Hissar, en tout sept bataillons, et une attaque fut
tentée jeudi sur Périmqueil.
; Le village fut môme bombardé, mais les troupes ne
«•purent y pénétrer
Le vendredi eut lieu une nouvelle attaque qui échoua.
Ces échecs, que l’on cherche à dissimuler, ne sont
pourtant pas irrémédiables et n’auront aucune in
fluence sur la suite des événements.
Si l’on tient compte, que lés insurgés sont comman
dés par des chefs expérimentés, connaissant à fond
cette guerre de surprises ; que chaque insurgé connaît
le moindre sentier de la .montagne, .qu’ils combattent
bien dissimulés et qu’ils ont l’ordre formel de reculer
toutes les fois qu’ils se voient serrés de trop près, il 1
est certain que tout le désavantage se trouve du côté
des troupes.
Pourquoi cherche-t-on à cacher à la presse les moin
dres échecs ? Je n’y vois aucun avantage, il vaudrait
bien mieux montrer les événements sous leur vérita
ble jour.
Cette situation, d’aillleurs, ne semble nulle
ment émouvoir le. flegme et le fatalisme, turc.
« Puisque en haut lieu on est opposé à une guerre
immédiate avec la Bulgarie, nous n’avons qu’à at
tendre. Dans quelques jours, les pluies seront fréquen
tes,les neiges couvriront les montagnes et en ren-
' dront le séjour impossible ; les bandes seront forcées
de se. disperser; ce sera l’accalmie. Il y aura bien ; de
temps en temps quelques coups de main, et pour y
faire face, le gouvernement sera obligé de maintenir
sous les armes une grande partie des troupes mobili
sées. C’est  le point noir de la question, car mainte-
 nir tout l’hiver loin de leur famille, ces réservistes peu
disciplinés est bien dangereux. Noiis sommes per
suadés qu’avec les beaux jours reparaîtront les ban
des; mais que voulez-vous y faire, Allah est grand et
Mahomet est son prophète ».
Telles sont textuellement les paroles d’un Turc bien
placé pour être renseigné, mais dont quelques an
nées passées en Allemagne n’ont pu modifier l’esprit
fataliste.
La Turquie et la Serbie
Belgrade, 27 septembre.
Les journaux de Belgrade font bon accueil à
l’iradé du sultan reconnaissant officiellement la na
tionalité serbe en Vieille-Serbie et en Macédoine.
Cette affaire fournit aux mêmes journaux une oc
casion favorable pour revenir sur la question, très
importante pour les Serbes, du rétablissement de
l’ancien patriarcat serbe à Igelt et d’un archevêché
serbe à Okhrida.
; +. ; 
AFFAIRES COLONIALES
Indo-Chiné 
Le Bulletin économique publié par la direction de
l’Agriculture et du commerce d’Irido-Chine, contient
une note intéressante sur l’emploi dos engrais phos-
 phatéspour la culture du riz au Tonkin. Une expé
rience faite récemment a montré que l’emploi de 300
kilogrammes de phosphate pour un hectare, laissait
un bénéfice net de 70 francs.
Les mômes expériences, faites depuis un certain
temps en Cochinchine, ont donné des résultats ana
logues. On avait répandu l’engrais phosphaté do
manière à tracer sur le sol des caractères chinois.
Ces caractères ont reparu en relief,  riz étant à
leur endroit plus haut et plus dru. Ce phénomène à
frappé vivement les Annamites, mais non les Chi
nois, qui ont dit connaître depuis un temps immé
morial Tes avantages de la « poudre d’os », Malheu
reusement,., les navires n’ont pas encore « l’habitu
de » de transporter des phosphates et le fret dd
cette matière reste élevé.
Algérie
RÉORGANISATION DES CONSISTOIRES ISRAÉLITES
 ALGÉRIENS V.
Le Journal officiel publie un décret réorganisant
les consistoires israélites algériens.
Aux termes de ce décret, les consistoiresIsraélites
établis dans les départèments de l’Algérie en vertu
de l’ordonnance du 9 novembre 1845 et du décret du
16 septembre 1867 sont supprimés et remplacés par
les consistoires d’arrondissement composés du grand
rabbin ou rabbin et de six membres laïques.
Les circonscriptions des consistoires sont déter
minées ainsi qù’fi suit
Département d'Alger >
 Arrondissement d’Alger et de Tizi-Ouzou, avec
Alger pour chef-lieu ; 1
 Arrondissement de Médéa et territoire de com
mandement de la subdivision de; Médéa,-chef-lieu
Médéa;
 Arrondissement .de Miliana et d’Orléansville et
subdivision de Laghouat, chef-lieu Miliana.
Département d’Oran
1? Arrondissement d’Oran; chef-lieu Oran;
-2° Arrondissement de Mascara, de Mostaganem, de
Sidi-bel-Abbès et- territoires de commandement des
subdivisions de Mascara et Aïn-Sefra, chef-beu Mas
cara ; '
39 Arrondissement deTlemcem et territoires de com
mandement de la subdivision de Tlemcem, chef-beu '
Tlemcem., 
 ' Département  Coristantine
 Arrondissement de Constantine, chef-beu Cont
stantine; 
 Arrondissement de Bône, de Phihppeville, de
Guelma, chef-beu Bône ;
 Arrondissement de Bougie, Sétif, Batna, et terri
toire de commandement de la subdivision de Batna,
ohef-beu Sétif.
1 Premier aveugle. —Nous irons à la pro
chaine de l’Opéra.
Second aveugle. —. Oui... On devrait bien
nous jouer Faust. G’est  qu’il y a de plus joli...
La rampe s’éclaira. Des chuts impérieux im
posèrent silënce aux aveugles trop bavards.
Chrysalde et Arnolphe parurent en scène. Ils
n’avaient pas récité dix vers que déjà l’atmos
phère s’échauffait. Le rayonnement de Molière,
l’intime chaleur de son génie accomplissait ce
miracle, qui se renouvelle chaque soir depuis
bientôt trois siècles, de fondre en une seule âme
mille âmes éparses et de les faire vibrer à l’u
nisson.
J’examinais les rangs de l’orchestre et du par--
terre. Toutes les catégories sociales y figuraient.
De petites bourgeoises en chapeau y avaient
pour voisines des trottins ébouriffés ; des com
mis de magasins, somptueusement cravatés, y
coudoyaient des plombiers, aux casquettes
graisseuses, des charbonniers aux mains noi
res. Et tous. riaient aux mêmes endroits, et
ces endroits étaient, n’en doutez pas, exac
tement ceux  l’on riait, jadis, quand la
pièce se donnàit.devant le roi. Arnolphe, Chry
salde, comme tous les grands types de Molière,
ne se séparent de nous que par le costÆtne ; ils
nous sont demeurés contemporains; et nous
saisissons et nous savourons pleinement le sel
de leur langage, qui est le sel du bon sens et de
l’éternelle vérité humaine.
Je n’ai jamais compris les orageuses discus
sions qu’a déchaînées l’intelligence du caractère
d’ArnoIphe. Le rôle, à ce qu’il me semble, est
très clair. Il est comique d’intention et d’allure,
avec un fond douloureux. Arnolphe est un bar
bon grotesque^ mais qui ne peut s’empêcher de
souffrir. Molière l’entendait ainsi, comme en
témoignent les lignes fort nettes de la Critique de
l’Ecole des Femmes, et qu’il met dans la bouche de
Lysidas : « Ce monsieurdeLaSouche ne descend-il
point à quelque chose de trop comique et de trop
outré au cinquième acte, lorsqu’il explique à
Agnès la violence de son amour avec ces roule
ments d’yeux extravagants, ces soupirs ridicules
et ces larmes niaises qui égayent tout le
monde ? » Voilà qui ne laisse aucun doute, tout
au moins sur le dessein de Molière. Il tenait à ce
qu’Arnolphe fût risible. Et' c’est justement
pour lui garder cette physionomie, que s’aper
cevant, au dernier acte, que le personnage, mal
gré ses efforts, s’attristait, il le ramenait à la
bouffonnerie par ces vers dont l’extravagance
est en quelque sorte artificielle et concertée :
Me veux-tu voir pleurer? Veux-tu que je me batte ?
Veux-tu que je m’arrache un côté de cheveux?
L'écueil auquel se heurtent le* interprètes
d’ArnoIphe est l’obligation de rendre plaisant
un rôle qui, en réalité, ne l’est pas. Il l’était da
vantage, au temps de Molière, que de nos jours.
Nos aïeux avaient l’âme assez dure; ils se 
jouissaient d’accidents que nous prenons au 
rieux. Dans le cocuage, ils étaient pour le galant
contre l’époux trompé; enfin, ils traitaient de
barbons les hommes quadragénaires et n’ad
mettaient point qu’ils pussent être amoureux
sans s’exposer aux pires catastrophes, et à des
catastrophes méritées. Nous avons modifié tout
cela; nous sommes plus tendres, plus indul
gents, plus compatissants aux faiblesses du
cœur. Nous ne raillons plus Arnolphe, nous le
plaignons quand on le bafoue. L’axe du rôle s’est
lentement déplacé. Les comédiens qui s’y sont
essayés en ont eu l’intuition. Le père Provost
s’évertua, il y a une quarantaine d’années, àf
soutenir qu’Arnolphe était un caractère tragi
que, et sa thèse, revêtue de l’approbation de
Théophile Gautier, fltrépandre des flots d’encre.
Got, s’y rallia, sinon en théorie, du moins dans
la pratique, et sa fantaisie, toujours laborieuse,
prenait ici des teintes funèbres.
M. Leloir s’efforce autant qu’il le peut de re
venir à l’antique tradition. Il donne fort bien, à
de certains égards, la sensation de ce que de
vait socialement être Arnolphe. C’est de la tête
aux pieds, un bourgeois solide, cossu (soit dit
sans équivoque), ayant  il le confesse lui--
même et en est fier  des écus au soleil, deux
maisons à la ville, une maison aux champs. Il
est imbu de préjugés, comme le Sganarelle de.
YEcole des Maris, mais moins simple. M. Leloir
rend vigoureusement tous ces traits. A le voir
arpenter la scène, drapé d’un long manteau,
commander à ses gens, gourmander Agnès et,
 se calant dans un fauteuil, tandis qu’elle
reste humblement debout,  lui faire lire les
maximes du mariage, on devine que cet homme
est riche, orgueilleux de l’être et doué d'un fort
méchant caractère. Les yeux aigus de M. Leloir
ne respirent rien moins que la bonté et la bon
homie, sa voix n’a point de moelleux. Il lui est
donc impossible d’envelopper le rôle dans cette
laideur joviale et piteuse que, selon toute appa
rence, lui communiquait Molière. Mais il en
nuance avec beaucoup d’art et de sûreté la psy
chologie.
Un des arguments que développait le père
Provost dans son plaidoyer était d’établir qu’Ar
nolphe valait mieux quIHorace, son jeune rival,
et méritait plus que lui d’être chéri d’Agnès.
Arnolphe n’est nullement avare ; il oblige ses
amis et leur prête cent pistoles de la façon la
plus galante du monde. Et ses quarante-deux
ans peuvent affronter sans trop d’humiliation
les vingtans d’Horace. Oui, mais les vingt ans
d’Horace symbolisent le printemps de la vie, la
jeunesse. Et ils sont irrésistibles.
Je vous disais avant-hier, en analysant le la-
lent de Delaunay,. qu’il possédait deux dons qui
ordinairement s’excluent : la flamme et la gaîté.
Dans aucun rôle, plus qu’en celui-ci, ils n’étaient
sensibles. Lorsque Horace s’avançait au premiet
acte, le chapeau à plumes posé sur la perruque
ondulée, le pied agile, la moustache conqué
rante, et que, répondant aux questions d’Ar
noIphe qui l’interrogeait sur la grand’ville, il'
répondait :.
Nombreuse en citoyens, superbe en bâtiments
Et j’en crois merveilleux les divertissements,

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