Το Σιδηρόκαστρο και η περιοχή μας στη γαλλική εφημερίδα Le Petit journal, 29 Μάιου 1916
Το Σιδηρόκαστρο και η περιοχή μας στη γαλλική εφημερίδα Le Petit journal, 29 Μάιου 1916
Αφορά την κατάληψη της περιοχής μας μέχρι την Κοίμηση, από τους Βουλγάρους.
AVEC 3U*^adR3ML^XKλ . D'ORIENT
Où' est?iau milieu de ses troupes
" (De noire envoyé' spécial)
Salonique. ... Mai. — Moi; -disait un
jour le général Sarrail, je* n'ai pas de
revue sur la conscience, je sais trop ce
flue c'est que l'astiquage des boutons.
Si le général).ne fait pas.aligner, ses
hommes pour leur mesurer la longueur
des poils, en-revanche il prend son auto
et s'en va,leur adresser la parole au ha
gard des chemins et des champs.
Ce matin-.à cinq heures,, il quittait
(CI:''P etil'Journal.) \
Le général. SARRAIL \ctoui)
écoute le- rapport d'un officier
son quartier pour la route de Serrés. Je
J'ai rencontré. • 1 . ■
Sarrai) T ést : de haute" taillé,. îl .né" la
redressé pas, il est lin âe silhouette e); de
traits. Ses cheveux sont-gris perle et
frisent en l'air.-. Ses yeux sont-bleus, son
regard vif. Quand il çe tient dans une
attitude familière il a les' mains dans
ses poches ; à l'abord il est d'allure ré
servée, il n'appelle pas l'expansion et
l'on n'est pas-son ami parce qu'on le lui
fjit. En revanche, quand' on lçgt, on n'a
pas besoin de le lui. dire. ; .
Il est froid," clair, entier dans son coup
iJksil. Son coup d'œil lancé,-son but sai
si 1 ,- il se déc'id^, et quand.il a/décidé, ré
solument l'œuvre con^mence., Elle va
silencieuse et -tenace. Une fois son .esprit
fixé, ce qui lui importe.c'est ce qu'il fait,
non ce que l'on" pense-de ce qu'il-fait.
On peut venir lui dir^ : « Voilà ce qu'il
faudrait" faire »:il ne répondra pas que
c'.est ce qu'il fait, il sé contentera de
vous dire : «-'Avez-vous fait uh bon
voyage-?-.» Quand il a voulu, c'est.dit.
Son œuvre 'se poursuit calme, méthodi
que, sûre, tout-y collabore. .Petites cho
ses, vous n'êtes plus petites des'que vous
êtes apparentées de loin ou ' de près
au résultat total.' Le chef, sè „ pen
che sur vous, vous .regarde, • voiîs
retourne comme si vous avije?. une gran
de importance. Chaque-pensée, chaque
, acte, chaque geste est un apport quoti
dien à la somme qu'il doit, amasser et
la journée qui vient ajoutera"à la jour
née précédente, 'car il ne' se fie pas à
l'intensité de la dernière heure. Per
sévérant et' volontaire,', de ,,l'aube, à
la nuit et. pendant la ' nuit aussi ; il
laboure-; son .champ sa.. charrue:
grince parfois sur' les pierres et dévie,
quand elle grince il la laisse grincer,
quand elle dévie il là repose à côté et...
hue ! lés bœufs 1 .-
Parmi ses « Poilus »;
Il était bien maintenant" cinq-heures
vingt. L'auto filait son fanion claquant.
Les soldats, .sur le bord de'la route, soit
qu'ils se rasent,'ou quoi ■ qu'ils liassent
tendaient la-têté ; comme ils ne voyaient
pas distinctement, orr-çomprenait à leur
façon de regarder qu'ils "se disaient
jt Qu'est-ce- que c'est encore que celui-
là ? » Ceux qui devinaient saluaient,
ceux qui, ne devinaient pas, après un
temps .d'arrêt^ reprenaient placidement
le raclage de leurs joues.
Les kilomètres passaient. Les enfants
grecs se rangeaient militairement, les
enfants grecs aiment beaucoup les gestes
militaires, ils m mettent au garde à
vous, portent la main à leur cheveux,
suivent les armées.
Et des régiments avançaient sur la,
route. - .
Sarrail' faisait arrêtef sa voiture^ des
cendait. Il était ce matin d'humeur-ro
se. II .avait les mains dans ses poches et
la grâfce sur la figure. Par contre quand
vous le voyez.absorbé et qu'il élève la
voix et qu'il devient rduge, il vaut
mieux attendre et repasser un autre
jour. Mais aujourd'hui tout va. Il re
garde &s soldats :
— Ça tire ?
— Ça tire un peu.
Il remonte en voiture.
— Ah l mais I -ïait-il, voilà qu'ils me
cassent des arbres, pas de ça I Moi ie
suis Méridional, je sais trop avec qùéllë
peine ils repoussent. Il ne faut pas non
plus qu'ils nj'abîment les tombes., des
Grecs. Je vais leur dire* ça », dit-il tou-
jours de son humeur rose. /
Il descend et il rencontre le général
commandant la division et lui dit en
lui serrant ia main :
— Il faut leur «dire qu'ils ne'me cou
pent pas les arbres, c'est trop long à re
pousser, et-qu'ils fassent aussi attention
aux tombes. ; -
Trois officiers'passent à. cheval. Il ré
descend.
— Bonjour, messieurs !
Les officiers se redressent.
- — Vous allez bien ? .
Et comme il sourit, les officiers pen
sent : « Ça va », et les officiers sur leur
selle, le corps penché vers lé généràl
qui est à pied,' causent et rient.
— Qu'est-ce que vous faisiez dans le
civil ?
— Entrepreneur...
Puis le général continue sa routé, tra
verse les champs, s'enfonce dans la
boue. Il a de - la bonté plein son
regard, on sent qu'il voudrait laisr.
ser du bonheur sur ^és pas. On peut
être chef de là .vïè et dé i'a mprt des
hommes, et sentir-parfois le plaisir d'ê*
tre l'ami de leur cœur. • ' . * ■
- Il rencontré un commandant : I
— Tout va, bien 1 ^
• Tout va bien, mon général
— Vous n'avez rien à me demander ?
— Rien, mop général.
Le, commandant a raté le coche.' Le
général aimerait à accorder ce matin.
. Il remonte en voiture. -
Une batterie de - montagne défile. Il
redescend.
— C'est vous qui avez tiré hier ? -
— Oui,' mon général.
— Ça va ?
— Ça va, répond le soldat interrogé:
Il remonte*en voiture;, 1
Un artilleur nouvellement arrivé de
mande :
— G'est-le. général Sarrail ça ?
— Oui, il. te plaît.
— Y m'va. _ ,
L'auto roule vers un certain endroit
où le chef doit voir'un commandant.
— Ah l ce commandant veut nie voir,
dit-il. Bien, il.va me voir. "
C'est là. Le commandant est-appelé.
Et les voilà qui, sur la route, marchent
tous deux; Oh I oh I la discussion s'élè-
„ve, le commandant se défend, fait des
gestes, le - général aussi fait des gestes'.
Ils se promènent. Ça, dure. On voit au
sourire du général que le commandant
a gagné son procès. ,
Sur la route de Sofia
et de Constahtinople '
... Le canon tonne'. Lé général est dans :
cette grande plaine de Macédoine. Il re-
garde.Voilà son champ de bataille à lui;
voilà son point de départ. Il regarde.Sur
la rpute se trouve, une tombe plus gran
de que toutes les autres. C'est celle d'un
chef derbande grecque que les guerres
-balkaniques ont. étendu là. ,-Une. pierre
blanche la domine. Sur cette pierre on
lit : « Tu es tombé au milieu dé la
route-et tu es encore loin de Sofia et-de
Constantinople. » -
. Sarr.ail aussi est encore loin de. Sofia
et Sie Constantinople — mais lui n'est
pas tombé.
Albert LONDRES.
Communiqués officiels
K664* jour de Guerre) > , * 3 heures soir.
•EN ARCONNE, à la cote 285, Haute-Chevauchée, nous avons occupé les lèvres
Sud 4e trois entonnoirs' provoqués.par l'explosion de mines allemandes.
SUR LA RIVE GAjJCHE DE LA MEUSE, bombardement assez vif de la région
% l'Est du Mort-Homme. ' '
SUR LÀ RIVE,DROITE ET EN WOEVRE, lutte Intermittente d'artiflerie.
, EN ALSACE, deux tentatives d'attaque au Nord-Est de. Balschwiller, Nord*.
Ouest d'Altkirch, ont été enrayées par nos feux qui ont empêohé l'ennemi de dé
boucher.
Canonnade habituelle sur le, reste du front. . . .
- 11 heures soir.
£N CHAMPAGNE, un tir de notre artillerie a fait exploser un dépôt de mu»
initions, ennemi dans la région de Ville-sur-Totirbe.
SUR LA RIVE ÇAUCHE DÉ LA MEUSE, violent bombardement de toute la,
région du Mort-Homme ainsi que du secteur à l'ouest de la ferme Thiaumont sur.
ta rive droite. ,
Aucuns action d'infanterie, au cours de la journée. ,, .
Actions d'artillerie intermittentes sur le reste du front.
LA GRECE PROTESTE
, , » i ( * ^ „
contfe l'invasion de son territoire
^ \ > i t "h" • ''i* " ' " ' ' * i" .1 > ' '
par les troupes Bulgares
Athènes, 28 Mat, — Le gouvernement
hellénique s décidé de protester contre les
opérations militaires entreprises par les
puissances centrales et la Bulgarie en Ma
cédoine.
La protestation a'été expédiée dans la
soirée aux ministres-grecs accrédités au
près des puissances visées.— (Havas:) . >
..... '* ■ -, /
Les Bulgares pénètrent plus avant
1 . (De notre envoyé spécial) N .
Saléniqùe, 28 Mai. — Cette fois, il n'y
a plui de douté, un nouveau fro^it vient
de se constituer ,: c'est le front grec, et,
de tous les fronts, il a cette •particularité
que, pour le moment, un seul belligé
rant y fait la guerre.
Les Bulgares ont envahi le territoire
grec et à mesure qu'ils avanéent les trou
pes grecques ,reculent■ devant eux '. Une
Compagnie'grecque a tiré, ne voulant pas
laisser entrer Tennemi héréditaire dans,
Roupel. Depuis, les Bulgares entrent par
brigade, et ils ont occupé lé fort DragOr
tin. Partis de Petrich, ils ont pris la
vallée de la Strouma, et suivant la ri-
vière, ils sont descendus jusqu'à Spato-
vô, jusqu'à Demir-Hissàr dont ils occu
pent la gare et ^eut-être déjà la ville. Ils
sont descendus jusqu'au pont du même
nom ; r ce pont que le gouvernement grec
ne comprenait pas que le général Sar
rail ait fait sauter. Ils en gardent les
piliers des \deux rives et ils amènent un
matériel de pont de bateaux.
Ils envahissent* le territoire grec par
deux colonnes une. descendant la Strou
ma par Dethir-Hissar ;> celle-ci compte
avec elle, un escadron_ du 6 e uhlans ;
Vautre s"apprêtant à passer le Nestos
dans la direction de CavaUa. Jamais la
Grèce ne s'est trouvée pltts en face de sa
destinée.
" . . Albert Londres.
Les Macédoniens acclament les Alliés
Venizelos et la guerre
(Z>e notre correspondant particulier)
Salonique, 28 Mai. Saloriique lié paj.~
pita< jamais, comme elle .palpita ■ aujour
d'hui. Toutes les .classes, de. la-lpopu'
latio.ny muGs par ■ un même sentiment
d'indignation patriotique, voulurent ma
nifester. : -- •' .■>* > ■
i Ce- matin, -let meeting dé protestation
réunit, à. l'église SaMte-Sophie-, une foule
immense évalué f à 20.000' personnes.,Plu
sieurs orateurs prirent la ,parole et .expri
mèrent l'indignation des. Hellèjnes devant
l'invasion, du 'terrdtoire grecJ.Us Méclarè-
.rpnt .hautement.que •mèîn.ç, ssi> le jùtiver-
nepient "cCe^ -preni pas les .mesurex néces
saires, le peuple macédonien se ehargera
de faire le nécessaire. ' «
Nous sommes ici et nous y resterons,
ont-ils dit. Nous ne craignons pas l'épou
vantait. des zeppelins ni des submersibles;
nous ne craignons pas les arme» alle
mandes ni bulgares. Nous avons éyee
nous la France bienfaitrice et' ïa puis
sante Albion ; nous avons envers 'elles,
amies séculaires, 'des engagements? Nous
défendrons le sol macédonien jusqu'à l'a
dernière goutte de • notrq sang.-De mil
liers de poitrines sortirent alors les cris
de .- « Vive la France ! Vive l'Angleterre !
Vivent les Alliés ! Vive Veniz'elos l Vive
la guerre ! »
Drapeaux hellènes en berne, devancé-et
encadré par des. gendarmes français à
cheval, le meeting monstre traversa' les
principales artèv.es de la ville' aux accla--
mations générales et se rendit jusqu'à la.
préfecture pour remettre au préfet la„$é-
solution des manifestants. — M. '
. , ... - : v ; .A ■' : 1 / •'
L'importance militaire
dë 1' entréë dès. Bulgares en
La situation de l'armée grecque est
bien la plus paradoxale qu'on puisse
imaginer et son "rôle le plus difficile à
comprendre. Les troupes grecques ont
occupé les forts de . la région de Demir-
Hissaf,. construits, pour arrêter sur la
frontière une invasion bulgare. Or, les
Bulgares se sont présentés. Il y- a eu
combat. Le fort de Roupel ,sur la Strou
ma, au nord de Demir-Hissar, s'est dé
fendu. Il a tiré le canon sur les Bulga
res ; il leur a envoyé, selon les dépêches,
vingt-six obus: Puis, on a .parlementé,
les Grecs se sont retirés et les Bulgares
ont occupé Roupel' et deux autres forts ;
après quoi, descendant la vallée de'la-
Strouma, ils ont fait leur entrée à De
mir-Hissar.
On dit que le commandant, des forces
grecques a reçu d'Athènes 'l'ordre de cé
der la place. Gela ne rend pas l'affaire
plus claire. En effet, si l'intention du
gouvernement grec n'était pas d'inter
dire aux Bulgares l'entrée sur le terri
toire grec ,on ne voit pas pourquoi il
avait disposé des troupes sur la fron
tière. Cela ne peut, pas être, vraisembla
blement ,pour recevoir des coups sans
en rendre. Si cette' intention était, par-
une manœuvre qu'il est inutile de. quali
fier, de tenir les forts pour nous empê
cher d'y être et pouvoir les remettre plus
facilement à" l'ennemi, le commandant
de ces forts devait avoir des instructions
en conséquence et ne pas recevoir les
Bulgares à coigjs de canon. Il ne reste
donc qu'une hypothèse possible, c'est
que le semblant de défense a été un© co
médie convenu^ d'avance. Et poûrtant,
on ajoute que le gouvernement g^ec pro
teste."..' ' "
Maintenant, si nous considérons l'im
portance militaire du fait, jusqu'ici ©lié
paraît médiocre. Il s'agit d'une brigade
bulgare, accompagnée d'un régiment
de cavalerie allemand. Est-ce une avant-
garde ? Mais une avant-garde d'une bri
gade contre.des positions fortifiées (j'en
tends les nôtres), occupées par une ar
mée ,ne répond à rien. Les Bulgares,
dit-on, sont maintenant maîtres du che-
min de fer de Salonique à Xanthi ; mais
ce chemin de fer donpe d'un bout à Sa
lonique; où nous sommes, de l'autre à
Xanthi, où sont les Bulgares, et il est
coupé justement à Demir-Hissar. U s'a
girait donc de rétablir le pont de Demir-
Hissar ,en vue d'opérations futures qui
amèneraient des troupes bulgares de la
région de Xanthi vers celle du lac de
Doiran ? Peut-être. A 1 cela on peut en
core objecter que les Bulgares pouvant
s'avancer par la Strouma, puisqu'ils
viennent de le faire, n'ont pas besoin de
rétablir le pont de Demir-Hissar.
Il f^ut.attendre-la suite. Mais étant
donnée la situation, avec, d'autre part;
l'offensive allemande contre Verdun et
l'offensive autrichienne en Italie, j'avoue
que je ne me serais pas attendu à une
offensive bulgare contre Salonique ; Je
contraire me semblait beaucoup plus
probable.
L'émotion est grande à Athènes, di
sent les dépêches ; il y a de quoi. Non
pas en raison du danger, mais, en rai
son de-l'attitude de l'armée grecque.
L'émotion se manifeste aussi, à plus
forte raison, à Salonique, dans la popu
lation, sans doute. Chez nos chefs mili
taires, l'aventure doit, surtout être ac
cueillie avec^une certaine curiosité.
Général BERTHAUT.
LES ENFANTS S'AMUSENT
• (Dessin de Radlgoet»)
— M' si eu le propriétaire, veuillez remarquer que l 'toit esf crevé et qu'çk
tombe chez nous quand il pleut.
— Mais non, voyons, puisque vous êtes couverts... par le moratoxium!*«
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